lundi 27 août 2012

Vichy le 19-08-2012

Alors ? Veni Vidi Vichy ?
Mmmm, la question restera posée longtemps ;-)
J-5 : arrivée sur Vichy, temps magnifique, nuit agréable et calme
J-4 : reco vélo le matin en groupes, organisée, avec un ravito au km55. Température conséquente et gros vent 35km/h, de face au début, on est en prise tout le temps jusqu’au km75, on finit un peu sec pour rentrer une moyenne de 32km/h à plusieurs dans le premier groupe… si ça souffle comme ça dimanche, ça promet une course dantesque. Il se met à pleuvoir le soir, ça fait immensément du bien.
J-3 : plafond bas au matin, je n’ai pas le courage de me lever dans la grisaille pour l’entrainement natation de 8h, je fais la grasse mat’, puis lecture, puis ballade dans la belle Vichy, puis lecture et galette de froment le soir.
Si j’avais été croyant j’aurais prié pour qu’il pleuve à nouveau, seulement voila, je n’ai pas prié, il n’a pas plut, au contraire il fera de plus en plus chaud, c’est donc ma faute à moi tout seul et je m’en excuse auprès de tous les triathlètes, je ne sais pas prier, sincèrement désolé.
J-2 : entrainement natation sur le parcours de la course, je pars seul, tranquille, sans combi, je rentre un temps moyen moins, mais surtout, je sors avec un mal de ventre qui persistera pendant 5h, les fameuses bactéries de l’Allier ? probablement… j’espère que mon estomac aura développé l’antibactérien adéquat pour dimanche sinon ça va être épique.
Cela rajoute à mon stress naturel d'avant course, et sachant que les conditions alsaciennes de cette année ne nous ont pas préparé à la chaleur annoncée. Bref, j'évacue ceci autant que je peux, ça ne sert en fait à rien d'y penser. Je me concentre sur mes sacs bleu et rouge, ne rien oublier, parer à toute éventualité, même une nuit fraiche qui imposerait les manchons en vélo, ben ehhh, j'ai le droit de rêver non ?

Briefing à 14h, aucune surprise, tout est parfaitement indiqué dans la présentation, je n’ai pas de question votre honneur.
En ville, on se reconnait avec nos petits bracelets, soit on se regarde d'un air compatissant car on sait que la chaleur n'épargnera personne, soit on engage la conversation autour de... la canicule prévue ; et galette de froment le soir, chui fan.
J-1 : vers 16h, je pars poser le vélo et les sacs au parc, 25min passées en pleine fournaise, ça nous donne une idée pour le lendemain. Pas glop, pas glop.
Et tous ces bénévoles, accueillants, aimables, serviables, héroïques, et je pèse mes mots !
jour J : la nuit est chaude mais je dors plutôt bien, pas besoin de réveil, je suis sur le pont ½h avant l'heure prévue.
J'arrive à 7h, le stress monte, j'apprends que l'Ironman est transformé en half, je me doute des déçus et des soulagés. La préparation au parc se passe bien, j'oublie juste d'emporter mon petit bidon de boisson d'avant course, j'en pique un peu à droite à gauche. Je me sens relativement zen pour ce deuxième half, mais pas totalement quand même.
On entend la première vague partir, il fait bon, je me dis qu'une demi-heure d'écart entre les deux départs devrait permettre de comparer les 2 courses et voir comment les Ironmen font un half. En fait non car les données Sporttrack montrent 3°C d'écart entre les deux courses, ce qui me semble beaucoup pour 30min, mais bon.
Bien entendu, natation sans combi, mais j'ai droit à ma petite Blueseventy Pointzero3 (merci swimfast.de) à condition de ne rien porter dessous excepté un maillot de bain (vérifié avec l'arbitre principal de la course et confirmé lors du briefing). N’étant pas bon nageur je doute de sa réelle efficacité pour moi, mais dans la tête, ça marche, ça me donne confiance.
Départ dans l'eau, et immédiatement ça tabasse. N'étant pas un guerrier, je laisse passer, j'avance péniblement à mon gout, et ça tabasse encore, je surveille à droite, à gauche, j'évite les coups, ça se calme un peu, puis à chaque bouée, ça retabasse, c'est usant en fait ; en nageant je me dis qu’il y a quand même un putain de monde dans la piscine pour un match de water polo, j’éclate de rire sous l’eau, je bois la tasse, je redeviens sérieux mais j'ai du mal à comprendre comment les mecs peuvent encore mettre des coups et t'agripper après 1000 ou 1500m, je trouve ça un peu désolant ; je sors en 40'32, presque un temps qui me satisfait au vu des conditions et du fait que ce sera la nat’ la plus pénible de cette année.
Parcours interminable à pied pour rejoindre le parc, mon tendon d'Achille me fait mal en tapant sur le dur, je marche un peu pour le soulager, je chope mon sac vélo et prends mon temps sous la tente car au vu de ce qui nous attend le moindre oubli serait dramatique, je range ma swimsuit, j'enfile le haut de ma tenue. Je récupère mon vélo et saute dessus en enfilant mes S-Works Trivent comme une fleur, direct les 2 en même temps, comme dans la video de démonstration de Specialized, je serre les Boa et zouh, j’adore qu’un plan se déroule sans accroc une pure merveille ces chaussures tri !
Ca me fait du bien au moral de voir que tout se passe bien et je pars pour les 93,5km. Contrairement à d'habitude, je suis tout de suite bien sur le vélo, j'en profite pour me mettre immédiatement à mon rythme et préparer la seule grosse cote du parcours ; je l'enquille avec une facilité déconcertante par rapport à la reco, faut dire, le vent s'est très légèrement levé genre 10km/h (encore une petite différence avec la première vague) mais rien à voir avec les 35km/h de face de la reco. Le cardio ne monte pas, tout baigne malgré le mauvais rendement de la route comparé à nos routes alsaciennes. Je m'hydrate un peu plus que d'hab en préventif, je maintiens 77%RFC la plupart du temps, je ne me laisse pas griser par les coureurs et les groupes que je dépasse. Oui les groupes, j'y reviendrai plus tard, mais pour moi, ce fut le seul point noir de la course : abusé le drafting...
Je suis super bien dans les petites montées et les descentes, et bien sur le plat, je me fais quand même passer par 4 ou 5 gros rouleurs que je reprends parfois dans les montées. Je croise régulièrement et pendant quasi 50km "Gaëlbreizh" car il est un peu plus rapide que moi sur le plat mais perd dans les montées et les descentes, du coup, on papote pas mal, on rit de se retrouver régulièrement et on se désole de ces groupes entiers de "cyclos" qu'on rattrape ou qui nous rattrapent et qu'on laisse passer, je me dis qu'il y a vraiment 2 courses dans ce half... ceux qui se regarderont dans la glace ce soir, et les autres. Je m'en tiens à mes 77%RFC, et sur la fin du parcours, irrésistiblement Gaël s'en va avec son petit km/h de plus que moi que je ne veux pas mettre pour le suivre.
Mince, ça commence à chauffer sévère sous le casque, je me sers de ma gourde aéro d'eau pour me rafraichir régulièrement. Je finis le vélo toujours sur le même rythme, les 5 derniers km sont extrêmement tortueux, pas du tout roulants, dommage pour la moyenne. Je pose le vélo en super état physique, mais je ne me rends pas compte à ce moment comment la chaleur m'a déjà attaqué. 2h48'42 pour les 93,5km soit un peu plus de 33km/h. Le bonheur pour retirer les Trivent, le vélo est récupéré par un bénévole que je remercie et je file choper mon sac bleu.
Sous la tente tout va bien, les compressions passent nickel malgré la transpiration, et au moment de partir, une officielle m'interpelle : "vous ne pouvez pas courir en maillot de bain", je la regarde éberlué, je lui demande si elle connait Faris al-Sultan, un athlète me tend alors un short de foot que je décline gentiment, sûr de moi. Et je pars en m’attendant vaguement à me faire arrêter par un arbitre, j’attends toujours.
Je démarre vraiment molo, je suis décidé d’assurer la càp afin de faire un temps satisfaisant au global. Mais sans que je comprenne l’impact de la chaleur sur mon corps, lentement mais sûrement je me sens de plus en plus lourd, je ne comprends pas ce qui se passe, j’ai l’impression d’être bien mieux qu’à Belfort et pourtant le temps défile plus vite, au contraire du paysage et des km qui eux se trainent en longueur.
De plus, la chaleur dépassant les 41° à l’ombre, je pense 50° (Celsius hein, pas Fahrenheit) au soleil, je ne peux me permettre de sauter aucun ravitaillement et ces 12 stops sur l’ensemble de la course coûtent presque une dizaine de minutes au total, mais c’est ça ou la sanction maximale avec un abandon quasi certain, et au mieux sans monter dans l’ambulance.
Mon tendon d’Achille est aussi présent, parfois je l’oublie, c’est plus une appréhension qu’un vrai handicap, le souci n’est pas là, le souci est que mes forces me quittent sans que je comprenne pourquoi, très probablement une carence en sels minéraux due à une transpiration excessive.
En courant, je pense à mon toubib qui a signé mon certificat médical d’aptitude à la pratique du triathlon en compétition, pompeuse formule, et si loin aujourd’hui de ce nous vivons, si je lui raconte la course, jamais il m’en signe un autre.

Je passe le premier tour en 1h06 et pourtant j’ai l’impression d’être capable d’accélérer, je me fixe encore 6km sur ce rythme et ensuite j’accélère pour finir. Rêve jeune padawan, rêve : je fais effectivement les 6km sur le même rythme et puis au lieu d’accélérer, c’est la panne, les muscles durcissent d’un coup entre le 16ème et le 17ème km, il reste le retour vers le pont, une ligne droite de 3km, plein cagnard dans le dos, je comprends alors que l’objectif sera juste de finir. Au final, 2h25’05’’ pour le semi-marathon, inimaginable, mais expérience tout de même ‘intéressante’… bien que je doive reconnaître finir en mauvais état physiquement. J’étais bien préparé pour la distance, mais pas préparé à la faire par une telle chaleur.
Que m’est-il arrivé ? ce qu’on appelle un coup de chaud ? faut que je me renseigne sur ce que c’est exactement ce truc, mais ça broie un athlète à peu près entrainé.
Alors qu’en retirer ?
Les plus
-          Ma Sabine qui s’est encore une fois occupée de toute la logistique pour me mettre dans les meilleures conditions possibles, elle est irremplaçable !
-          L’organisation globale a été irréprochable sur tous les aspects (bénévoles, parcours, parc, ravitos, communication, etc…) et si je n’étais pas inscrit à Zurich pour 2013, je n’aurais eu aucun souci pour retenter cette course dans de meilleures conditions climatiques.
-          Si c’est un plus… je suis allé au maximum de ce que mon corps pouvait supporter en terme de chaleur accumulée car je me suis réellement maîtrisé en vélo (FCMoy à 77%RFC ce qui compte tenu des 5-8 puls supplémentaires qu’on prend rien que sur la température, constitue un rythme plus que raisonnable) et malgré ça je finis très mal la course à pied, ma limite n’a pas du tout été énergétique mais ‘chaleurifique’ ; le jour de mon premier Ironman, je serai très vigilant quant aux conditions météo pour prendre la bonne décision au départ…
-          Mon matos vélo qui marche du feu de dieu.

Les moins
-          Le drafting : mon vécu personnel et plein ‘d’anecdotes’ sur Onlinetri // la Pasta Party des IM montrent un certain laxisme des arbitres sur cette course et c’est bien dommage car au final tout le monde ne fait pas la même course. Le pire, ce sont les mecs qui se targuent à l’arrivée d’avoir roulé ‘intelligemment’ en groupe ’dynamique’ de telle sorte que les arbitres étaient bluffés (dixit un certain Pascal qui raconte sa course à l’arrivée) ; la triche dans le sang au point de ne même plus s’en rendre compte, pour ces gens là, il n’y a plus que la sanction qui puisse agir, parce que l’état d’esprit lui, a complètement disparu.
-          Le minable qui m’a piqué mes bidons sur mon vélo dans le parc après la course, là, on touche le fond  O_o
-          Les 3 derniers km du vélo dans les rues de Bellerive et de Vichy, tout en angles droits, les mains sur les freins, avec des passages dangereux.
Conclusion : Veni Vidi Vichy ? ouai allez, un peu quand même ;-)