dimanche 4 août 2013

IRONMAN DE ZURICH Part 3/3


Sous la tente de change, je suis zen, je mets les Quad, les gels dans la ceinture, des chaussettes pour courir, les Nimbus 13, je me lève, mon ischio va bien, je vois un anglais qui me regarde tristement et hésite à repartir, je le regarde positivement et ne trouve rien d’autre à lui dire que : ‘now it starts’ avec mon plus encourageant sourire, il se lève et me suis.
J’ai du mal à démarrer, ma course n’est pas fluide, je fais un gros stop rafraîchissement au premier ravito, indispensable et rapidement homo sapiens retrouve ses marques en position debout, c’est parti.
Autant le vélo demande un investissement mental pour rester concentré sur la route, la vitesse, les puls, les autres, etc… et permet au temps de filer sans s’encombrer l’esprit de pensées, négatives parfois, autant la course à pied permet à toutes les pensées de s’insinuer et impacter le mental.
Maintenant je sais que je finirai ce premier IM, même s’il faut marcher la moitié de la course à pied mais il me reste un dernier challenge personnel : courir le plus longtemps possible sur le marathon. Et pour ça, il va falloir s’employer mentalement !
Les premiers km passent bien, je ne peux zapper aucun ravito, il fait tellement chaud qu’on passe sous toutes les douches, ça mouille les chaussures, ça présage d’ampoules mais tant pis, sans ça, le risque de rester en rade sur un coup de chaleur est trop important, la douleur piquante des ampoules sera de toute façon plus simple à gérer et même à oublier.
Je vois Sabine et Silke régulièrement cependant je n’ai aucune idée de comment Jean-Christophe a géré sa course mais je vais vite le savoir, au km 15 je l’entends enfin, il me double, avec un bracelet là où j’en ai déjà deux, j’ai donc 10,5km d’avance, mais il court à 12km/h le bougre, c’est bien, ça va m’empêcher de me reposer sur mes lauriers, et surtout ça va m’occuper l’esprit dans plein de petits calculs pour voir s’il va me coiffer sur la ligne ou pas ;-) hyper motivant !
Ils distribuent des poches de glace aux ravitos, c’est tip-top, ça me permet de rester bien lucide, de bien gérer ravitaillement, sel et rafraîchissement  A chaque ravito pair je prends 3 gorgées de powerbar, 3 gorgées d’eau et je finis le reste sur la tête, à chaque ravito impair je ne prends que de l’eau et je me force à prendre un gel (j’ai pas toujours réussi). J’ai senti plusieurs fois mon estomac à la limite de basculer dans le chaos mais c’est passé.
Au 22ème km, mentalement ça commence à s’alourdir, oh pinaise, je sens la longueur de l’épreuve dans ma tête plus que dans mon corps. Mes lectures sur le sujet m’aident, je sais que ces coups de mou mentaux finissent par passer. Je prends maintenant du Coca pour alimenter le cerveau en sucre, et en effet, j’alterne des moments bien et des moments moins bien psychologiquement.
Heureusement pas d’alerte au niveau physique, les genoux (ma principale inquiétude) vont bien, les tendons et les muscles aussi, 134puls, je gère.
Jean-Christophe a ralenti, au 37ème km on se croise exactement au même endroit sur le circuit qu'au tour précédent, il fait la CCC dans un mois et a décidé de lever le pied, je sais maintenant que je ne l'entendrais pas juste avant l'arrivée, ça me fait plaisir quelque part, c'était un autre mini-challenge parmi tous mes mini-challenges, celui-ci aussi est donc réussi.
Au 36èmekm, en chopant le denier bracelet, le fameux rouge qu’on a gravement envié sur les bras des vrais coureurs à pied, mon mental sort des montagnes russes, je sais que je vais finir en courant. Je me sens même plutôt bien et je me demande si je suis capable d’accélérer. Au 39ème km, je décide d’accélérer, et là, on ne rigole pas amis lecteurs mais je passe de 6’48 au km (ravito compris) à 6’18 :-) sauf que, arrivé à 500m de la ligne, j’ai les mollets qui commencent franchement à se durcir m’indiquant que ce n’est clairement pas un rythme que j’aurais pu tenir sur toute la distance. Bref j’ai du boulot avant de rentrer le marathon d’un IM en moins de 4h ;-)
Le speaker, la musique, le virage à droite qu’on a haï 4 tours durant, cette fois, il est pour moi !
Je passe la ligne content mais sans être submergé par le bonheur, j’ai simplement le sentiment que mon plan s’est déroulé comme prévu. Ma principale satisfaction est d’avoir vaincu les conditions extrêmes, la distance elle, j’avais confiance avec le travail bien structuré effectué avec oli-coaching depuis le début de l’année.
Voilà, c’est fait ! Alors que d’habitude je n’attache aucune importance aux trophées, la médaille me fait ici très plaisir, le tee-shirt aussi, cela sanctionne 7 mois pleins de préparation, une belle adaptation aux conditions et une belle gestion de course.
Au final, une question me reste : ai-je fait une course ?
Sincèrement, en natation oui et je fais une perf au niveau de mes attentes (objectif idéal : moins de 1h05 en combi sachant que je perds 1’ au 400m sans combi, ce qui fait 9min d’écart et il y avait 100m de plus, donc en 1’14 le contrat est rempli), en vélo j’ai plus géré mais je voulais vraiment rester au-dessus des 30km/h pour les 180km, contrat rempli aussi donc, et en càp, là c’est sur, je me suis plus senti à l’entrainement et mon contrat était de lutter pour ne pas marcher pour une raison à deux balles ; ce à quoi j’ai échoué 3x, je m’en suis voulu 3x :-)
Ce marathon pour un non-coureur, c’est incroyablement mental.

Et sans Sabine mon épouse, ça n’aurait juste pas été possible.
Sans Olivier Comau ze coach, jamais je n’aurais pu l'aborder avec une réelle forme de sérénité.
Sans tous mes copains d’entrainement et de motivation, Olive, EricW, Karine, EricS, Jérémie, JFlo, Mathieu, David, Xavier, etc… ça aurait été beaucoup beaucoup plus dur.
Sans le formidable état d’esprit sportif qu’il y a au boulot avec JC, Greg, Alexis, SebF, OlivierP, ça ne me serait pas venu à l’idée de participer.
Sans les petits conseils très ciblés et pertinents d’Estelle-Marie, je n’aurais jamais fini de la même façon.
Sans mon beau-père toujours prêt à m'accompagner sur mes sorties de récupération, mon entrainement aurait bien plus usant mentalement.
Et sans le Trimo j’aurais été moins beau :-)
La performance est donc tout sauf individuelle, merci à tous !

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