NICE ! son soleil,
ses plages de sable fin… heu de galets, sa promenade, ses souffrances !
On avait discuté
pendant un moment avec Christian (Woehrel) sur le choix de la destination
Ironman cette année et comme personne n’avait envie de faire un IM sous la
pluie ni forcément trop loin, ce sont les probabilités de pluie sur une série
d’IM qui ont guidé notre choix et Nice l’a emporté. Sauf que… on en reparle
plus tard…
Mais Nice, c’est aussi
une grosse remise en question car l’arrière pays grimpe bien plus qu’à Zürich,
et je n’ai quasiment jamais mis les pieds en montagne.
Il va donc falloir modifier l’entrainement et apprendre à dompter les pourcentages. La préparation se passe globalement bien, le temps clément de l’hiver et du printemps va me permettre de dépasser les 4000km à vélo, avec quelques bonnes séances en montagne seul ou en compagnie des copains de toujours (Eric, Karine, David et Xavier).
Il va donc falloir modifier l’entrainement et apprendre à dompter les pourcentages. La préparation se passe globalement bien, le temps clément de l’hiver et du printemps va me permettre de dépasser les 4000km à vélo, avec quelques bonnes séances en montagne seul ou en compagnie des copains de toujours (Eric, Karine, David et Xavier).
En natation, je ne peux
pas rêver meilleures conditions d’entrainement avec le Wacken ouvert à 7h le
matin, c’est top et j’arrive à Nice avec 210km d’entrainement.
En course à pied en
revanche, j’ai traîné une tendinite d’Achille depuis l’année précédente, et c’est une petite talonnette à 10 balles qui semaine après semaines aura raison
de cette inflammation. C’est un peu hallucinant quand on y pense mais c’est
bien la réalité. Et une seule séance dans une paire de Running sans talonnette
me fera brièvement rechuter pendant 2 semaines. Conclusion : le zéro drop,
ce n’est pas pour moi, mon tendon gauche a besoin d’être surélevé.
Et donc, j’arrive à
Nice in-extremis sans AUCUNE douleur au tendon, timing un peu hallucinant pour
ne pas dire chanceux J
mais l’entrainement en a tout de même subit les conséquences sur plusieurs
mois, je pense néanmoins avoir progressé, la càp ne me stresse pas du coup. A
un détail près : les chaussures, en effet, malgré tous mes efforts, je
vais courir en Nimbus 15 à 340g la chaussure, pas vraiment une ambiance
compétition, mes ennuis de tendons ne m’ayant pas permis de faire les essais
nécessaires sur des paires plus légères, plus ‘race’.
Mais voilà, le sportif
doute souvent, et moi, malgré mes progrès en montagne, c’est le vélo de Nice
qui me fait peur, me fait douter, me stresse. Et aussi, j’aimerais tellement
rester au dessus des 30km/h (moins de 6h) pour ces 180 bornes.
D’ailleurs, en terme
d’objectifs, j’avais pensé être dans l’heure en natation, sous les 6 heures à
vélo et simplement faire mieux qu’à Zürich sur le marathon. Si je remplis tout
ça, ce sera plus que parfait.
Trajet sympathique en
passant par la Suisse et l’Italie en compagnie de Christian et ses anecdotes
hawaïennes :-),
Sabine est au volant, elle adore rouler, ça tombe bien, moi j’en ai horreur,
repos donc, mais toujours ce stress qui ne veut pas me lâcher, alors qu’il
n’était monté que très tard à Zürich.
Sur place,
l’organisation est exemplaire, les stands sont super, ya des promos contrairement
à Zürich où tout était super cher, ya beaucoup plus de matos (le stand Sailfish
est top classe animé par Florian et ses sailfishgirls), l’inscription se fait en
toute fluidité, rien à dire, nous sommes enchantés.
Un petit tour sur la
plage, Christian teste sa combi louée chez Florian, pour ma part, je fais
trempette et rentre rapidement me mettre à l’abri de la chaleur.
Derniers préparatifs du
vélo et des sacs de transition pour une dépose toujours aussi fluide au parc le
lendemain. Et là, le seul et unique bémol par rapport à cette course : la
longueur du parc à vélo O_o. Avec 2800 vélos à poser, le peu de largeur sur la
promenade, ça fait un parc de 100m de long, ça va faire beaucoup à courir pieds
nus (drop 0 de chez 0) sur le dur, outch les tendons :-(
Vélo et sacs posés,
retour au calme, mais la tension monte, j’espère que je n’ai rien oublié de
mettre dans les sacs car plus d’accès le lendemain.
Pour la première fois
avant une course j’éprouve des vraies difficultés à m’endormir, plus d’une
heure, pour ne finalement que réussir un sommeil de chat style toujours
vigilant. Pénible, très pénible.
Lever 4 heures du
matin, difficile de faire passer le sportdèj et le gatosport, pfiouh !
Limite c’est à bosser à la maison pour l’avenir…
Toujours aussi
impressionnantes ces arrivées de nuit au parc à vélo, les gens parlent peu,
c’est rituel. Préparatifs ok, j’oublierai juste mon bidon de cadre dans mon
sac, je m’en rendrai compte en course, mais ce n’est pas grave car il y a un
ravito presque tous les 20km, c’est inédit, juste la grande classe !
Arrive le moment où je
dois me séparer des mes lunettes, le plus tard possible, c’est toujours un
moment de stress malgré mes goggles corrigées à -8 dioptries alors que je
traine une myopie à -12 plus un astigmatisme à -2. Ça fait encore un gros écart
de correction qui manque, un vrai handicap… Mais bon, on fait avec. Descente
sur la plage, petit échauffement réussi, je croise Xavier (Schneider), on se
souhaite bonne chance. Je me range dans le SAS des 1h02, temps que je pensais
sincèrement mettre.
Sauf que…
Bam !
Départ !
Ouaouh !! Énorme,
2800 pèlerins qui se jettent à l’eau quasiment en même temps, faut pas être
agoraphobe !! Clairement sur 100m je dirais qu’il n’est quasi pas possible
de nager, ensuite j’ai eu un peu de chance, j’ai très souvent trouvé des petits
espaces dans lesquelles je claquais une petite accélération pour m’y engouffrer
et poser un semblant de nage. On est loin de la sérénité dans les eaux du lac
de Zürich mais ça se passe plutôt bien, jusqu’au 1700m, première alerte, un mec
complètement paumé me coupe la route alors que la bouée est droit devant et le
met un coup dans les lunettes, à 2cm près, au mieux, je saignais du nez, au
pire, j’ose pas y penser.
Néanmoins un truc me
chiffonne pendant cette natation, je n’arrive pas trop à savoir quoi… 33
minutes le premier tour, mince, un peu déçu, mais je me sens étrangement trop
bien…
Deuxième tour, tout s’espace,
je nage souvent seul, je manque encore gravement de sens du placement pour
profiter des jambes de mon prochain, ma vue déficiente n’y est peut-être pas
pour rien… et à 3600m, nouvelle alerte, encore un gars qui traverse alors que la
sortie est droit devant, là je prends un pied en plein menton, les dents
claquent sévères, mais pas de casse, ouf, mais quel con !
Et toujours ce truc qui
me chiffonne, 1h07 à la sortie, je suis un peu perplexe. Mais visiblement, je
ne suis pas le seul dans ce cas, le parcours a changé, il part au large, la
houle est présente et beaucoup de monde a du réviser ses ambitions à la baisse.
Mon cardio ne sera pas d’un grand secours sur la distance, il s’est un peu fait
bluffer et indique 4,4km. Bref.
Sortie de l’eau,
traversée du parc à vélo après avoir chopé le sac et m’être changé
tranquillement, les tapis sont bien agréables, je mange un gros bout de
gatosport, tout se passe très bien. Jump on the bike et c’est parti.
Et là, contrairement à
la natation sur laquelle je réalise que j’ai jamais réussi à prendre un rythme
de course, jamais en hyperventilation, à moitié endormi en quelque sorte, sur
le vélo, ça barde bien dès le début. En route pour l’aéroport à 40km/h avec un
cardio bien tenu, tout baigne, direction Carros à 35km/h, je double un paquet
de monde sans m’emballer, je kiffe.
Arrive la cote des
Condamines, un 15% sur 400m et déjà là, je bénis mon nouveau pédalier qui me
permet de passer en souplesse. S’en suit mini-bosses sur un faut plat montant,
ça va bien. Puis la grosse montée, 20km, où je constate mes progrès en montée,
mais aussi les progrès qu’il reste à faire :-)
car en effet, ce sont des paquets de concurrents qui me passeront sur ces 20
bornes (150 ? je ne sais pas, mais un sacré paquet). J’arrive en haut
plutôt en bon état, les segments plats qui suivent me feront un peu mal aux
jambes mais je commence à reprendre les grimpeurs, c’est bon pour le moral mais
je m’emballe peut-être un peu, méfiure et prudage…
Arrive la descente, là, plus
rien ne me retient, le vélo chrono fait merveille, personne ne peut me suivre,
je pense que je rattrape quasiment 100 concurrents en 80km. Et quels paysages !!!
c’est indiscutablement le plus beau parcours vélo que j’ai jamais fait, tout
simplement magique !
Puis surgit la pluie alors qu’il reste 8km de descente, impossible de pédaler, la route est une vraie patinoire, on se retrouve à 4, on se laisse rouler doucement vers le bas, personne ne fait le kéké, et pourtant, au km150, ma roue avant se couche, je me fais smasher parterre et je glisse, je glisse, je glisse, je traverse complètement la route et je viens percuter la paroi rocheuse en face. Ouf, le bonhomme est sonné, brulé, ouvert, mais entier, rien de cassé. Un gars en voiture s’arrête, me remet le vélo d’équerre, je repars le cerveau vide, les porte-bidons aussi d’ailleurs, tout a volé et je ne m’en suis pas rendu compte. Arrivé à l’aéroport, après une monstre averse, mon boyau avant est à plat, crevaison lente de la chute je pense, et je réalise que j’ai perdu mon matos de réparation dans la chute.
Puis surgit la pluie alors qu’il reste 8km de descente, impossible de pédaler, la route est une vraie patinoire, on se retrouve à 4, on se laisse rouler doucement vers le bas, personne ne fait le kéké, et pourtant, au km150, ma roue avant se couche, je me fais smasher parterre et je glisse, je glisse, je glisse, je traverse complètement la route et je viens percuter la paroi rocheuse en face. Ouf, le bonhomme est sonné, brulé, ouvert, mais entier, rien de cassé. Un gars en voiture s’arrête, me remet le vélo d’équerre, je repars le cerveau vide, les porte-bidons aussi d’ailleurs, tout a volé et je ne m’en suis pas rendu compte. Arrivé à l’aéroport, après une monstre averse, mon boyau avant est à plat, crevaison lente de la chute je pense, et je réalise que j’ai perdu mon matos de réparation dans la chute.
Pour moi la course s’arrête
là, quelle déception. J’enlève mes chaussures, et je marche pieds nus sur
environ 3km pour ramener le vélo au parc.
Je vais voir un arbitre pour lui remettre mon dossard, il me propose, compte tenu du temps qu’il reste, que je passe à la tente des secouristes pour voir si je ne peux pas continuer. C’est la première fois que l’idée de continuer me parvient. Mais à ce moment elle ne reste pas. Je file me faire soigner (désinfecter les plaies), le toubib n’est pas favorable à ce que je reparte, je lui demande les symptômes à surveiller, je retiens sa réponse au cas où. Je sors de la tente et vais récupérer mes affaires càp pour me changer et là, une bénévole aura les mots justes, elle me parle des pros qui sont tombés et repartis alors qu’ils n’ont plus d’espoir au classement, tout bascule, elle a raison, je ne peux pas abandonner comme ça, même si je ne suis plus dans la perf globale, je vais aller vérifier/valider mes progrès en càp, autant que faire se peut après le choc et c’est parti, la course continue, l’émotion est très intense !
Et surprise, ça brûle à la hanche, mais ne m’empêche pas d’avancer. Ça tiendra 18km à une allure de 5’45’’ au km, ramené à 6’06’’ en comptant la marche aux ravitaillements.
Je vais voir un arbitre pour lui remettre mon dossard, il me propose, compte tenu du temps qu’il reste, que je passe à la tente des secouristes pour voir si je ne peux pas continuer. C’est la première fois que l’idée de continuer me parvient. Mais à ce moment elle ne reste pas. Je file me faire soigner (désinfecter les plaies), le toubib n’est pas favorable à ce que je reparte, je lui demande les symptômes à surveiller, je retiens sa réponse au cas où. Je sors de la tente et vais récupérer mes affaires càp pour me changer et là, une bénévole aura les mots justes, elle me parle des pros qui sont tombés et repartis alors qu’ils n’ont plus d’espoir au classement, tout bascule, elle a raison, je ne peux pas abandonner comme ça, même si je ne suis plus dans la perf globale, je vais aller vérifier/valider mes progrès en càp, autant que faire se peut après le choc et c’est parti, la course continue, l’émotion est très intense !
Et surprise, ça brûle à la hanche, mais ne m’empêche pas d’avancer. Ça tiendra 18km à une allure de 5’45’’ au km, ramené à 6’06’’ en comptant la marche aux ravitaillements.
Mais entre le 18ème
et le 19ème, effondrement complet, mental puis physique, mes abdos
se serrent, mes adducteurs aussi, la chute fait enfin sentir ses effets
physiques.
A ce moment, je croise
Sabine qui marchera un peu avec moi, le temps défile grave quand on marche, c’est
atroce. Faut que je me fasse violence pour courir ça me gonfle trop de ne pas
avancer. Qqs km plus loin, dans un moment de marche, un spectateur se place à
ma hauteur et se propose de m’accompagner pour me remettre à la course, il me
coache littéralement sur les bons gestes et fait repartir la machine, énooorme !
Les km s’engrangent dans la douleur et dans le dernier tour, nouvelle rencontre
dans un moment de marche, un concurrent cette fois s’arrête à côté de moi, me
propose de m’accompagner, je me remets en route, j’en ai presque les larmes aux
yeux, les gens sont gigantesques ! Dernier demi-tour, le mental reprend
forcément le dessus, ça se termine, en courant.
Voilà, je passe la ligne, toute la tension tombe, j’ai juste envie de m’allonger, de trouver Sabine pour ne pas rester seul, j’ai une médaille au cou, je vais chercher mon tee-shirt, je ne peux rien boire, rien manger, je retrouve Sabine, gros câlin, je file prendre une douche froide sur la plage, m’allonge un peu, la pression artérielle remonte, je vais mieux.
Voilà, je passe la ligne, toute la tension tombe, j’ai juste envie de m’allonger, de trouver Sabine pour ne pas rester seul, j’ai une médaille au cou, je vais chercher mon tee-shirt, je ne peux rien boire, rien manger, je retrouve Sabine, gros câlin, je file prendre une douche froide sur la plage, m’allonge un peu, la pression artérielle remonte, je vais mieux.
Submergé par des
sentiments très contradictoires, je ne sais pas quoi penser :
-
Content d’avoir fini
-
Très déçu d’être tombé
-
Très content de mon vélo
-
Très déçu de ne pas avoir pu valider ça au
travers d’un vrai temps affiché (mon temps estimé me situe autour des 5h48-5h49
malgré la pluie, objectif secret totalement rempli, mais hélas, ce n’est pas
affiché ainsi sur le classement, grande frustration, je sais juste que je l’ai
dans les jambes)
- Étonné par mon temps natation, je pensais me
rapprocher bien plus près de l’heure, mais beaucoup ont déchanté, et en plus,
je dois avouer une monstre connerie faite la veille : je suis allé faire
de l’escalade pendant 1 heure au club de Carros, j’ai pas pu résister… no
comment at all please :-)
-
Et la course à pied, je ne peux tirer aucune
conclusion car je suis incapable d’évaluer l’impact de la chute, la seule chose
que je constate, est le niveau de mes 18 premiers km, conforme à mes souhaits,
mais quel est l’impact d’être resté 15’ dans la tente des secouristes ?
probablement pas négligeable
Voilà, c’est la course,
il faut la prendre telle qu’elle s’est passée, on ne peut pas refaire l’histoire,
prendre les enseignements, les expériences, autant physiques qu’humaines vécues,
capitaliser dessus et… REVENIR !!!
Je suis à bloc !
Je consacre la fin de l’année
à apprendre à courir, à tester des vraies pompes de course et voici le
programme pour la suite :
-
Mont-Tremblant (Canada) en 2015
-
Klagenfurt (Autriche) en 2016 avec Christian
-
Et retour à Nice en 2017 pour une ‘revanche’
avec le couteau entre les dents !!
Melde, je crois que je suis
accroc :-D
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